Diabète sucré

  

En bref – Le diabète désigne généralement tout syndrome caractérisé par une surproduction anormale d'urine (polyurie) et une soif excessive  (polydipsie). En fonction de la présence de glucose dans les urines, on différencie le diabète sucré, lié à une anomalie de synthèse de l'insuline (hormone hypoglycémiante) ou à une insensibilisation à celle-ci, et le diabète insipide, causé par un mauvais fonctionnement de l'ADH (hormone antidiurétique).

  

Types ET SYMPTÔMES

  

Le diabète sucré est une maladie chronique liée à une mauvaise utilisation du sucre par l'organisme et pouvant conduire à une hyperglycémie. Il est principalement caractérisé par une polyurie, accompagnée de polydipsie, de polyphagie et d'acido-cétose ("crise d'acétone"). Généralement indolore, le diabète sucré est souvent constaté par la survenue de complications redoutables, causées par la toxicité du glucose sur certains organes (cécité, infarctus, insuffisance rénale, pied diabétique…). On estime la durée moyenne du retard diagnostic à environ 7 ans.

 

En fonction de sa dépendance à l'insuline, on définit classiquement deux types de diabètes sucrés.

Le diabète de type I, ou diabète insulinodépendant(DID), est une maladie auto-immune se caractérisant par une destruction des cellules du pancréas productrices d'insuline, hormone permettant la diffusion, l'utilisation et le stockage du glucose dans les cellules de l'organisme. L'excès de glucose dans la circulation sanguine, puis dans les urines, est particulièrement toxique et entraine la destruction à long terme de certains organes. Le DID représente 20 % des diabètes sucrés et touche surtout des sujets jeunes (moins de 35 ans, avec un pic durant l'adolescence).

Le diabète de type II, ou diabète non-insulinodépendant (DNID), est caractérisé par une résistance de certains organes (foie, muscles…) ou tissus (couche adipeuse…) à l'action de l'insuline ("insulino-résistance"). Il a des répercussions sur les métabolismes glucidiques et lipidiques. Le DNID représente 80 % des diabètes sucrés et concerne surtout les sujets âgés de plus de 40 ans, sédentaires et/ou présentant un surpoids.

 

Beaucoup plus rare, le diabète gestationnel apparaît uniquement pendant la grossesse. Proche d'un DNID, il est cependant temporaire et disparaît après l'accouchement. Parmi les autres causes connues de diabètes sucrés, citons la pancréatite chronique ou la surconsommation de glucocorticoïdes.

 

examens biologiques

  

Les principaux examens biologiques, permettant le dépistage de la maladie ou le suivi du traitement incluent le dosage sanguin de glucose (glycémie) et de l'hémoglobine glycosylée ou glyquée (HbA1C), ainsi que la recherche de corps cétoniques ou la surveillance de la fonction rénale.

 

  • La mesure de la glycémie, réalisée en milieu médical (prise de sang) ou par autocontrôle (glucomètre), doit absolument se faire à jeun (minimum 12 heures). La prise de liquides non sucrés est possible avant cet examen.

 

  • L'hémoglobine glycosylée ou glyquée (HbA1C) est formée par un processus irréversible de fixation du glucose sur l'hémoglobine, transformation qui se déroule durant toute la vie du globule rouge (environ quatre mois). La quantité de HbA1C augmentant proportionnellement avec la concentration de glucose dans le sang, son dosage permet d'estimer la glycémie moyenne du sujet pendant les trois mois précédant le contrôle (tous les globules rouges n'étant pas au même stade de maturité au moment du dosage). Contrairement au test de glycémie, il n'est pas nécessaire d'être à jeun. Chez le sujet non-diabétique, la valeur normale est d'environ 5,5 mmol / litre de sang et correspond à une glycémie de 1,0 g / litre de sang.

 

  • La recherche des corps cétoniques s'effectue en priorité chez le diabétique de type I, la femme enceinte, ou lorsque la glycémie dépasse 2,5 g / litre. Elle peut s'effectuer avec une goutte de sang capillaire (Optium® Xceed) ou à partir des urines, à l'aide de bandelettes (Kétodiastix®, Kétodiabur®).

 

  • La surveillance de la fonction rénale inclut le dosage de la micro-albuminurie sur des urines de 24 heures, ainsi que de la créatinémie.

  

TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

 

Le traitement antidiabétique commence toujours par la mise en place de mesures hygiéno-diététiques préconisant une alimentation saine et une augmentation de l'activité physique, dans le but d'atteindre un taux d'HbA1C < 6 mmol / litre de sang. Si ces mesures s'avèrent insuffisantes au bout de six mois, une thérapie à base d'insuline (DID) ou d'antidiabétiques oraux (DNID) est alors envisagée.

 

insuline

L'insuline, hormone endogène sécrétée par certaines cellules pancréatiques (cellules béta des îlots de Langerhans), agit sur les métabolismes glucidiques, lipidiques et protidiques. Elle favorise principalement l'absorption du glucose sanguin par les cellules adipeuses, hépatiques et musculaires, ainsi que sa conversion en glycogène et/ou en triglycérides. Cela se traduit principalement par un effet hypoglycémiant qui est naturellement contrebalancé par la sécrétion de glucagon, hormone hyperglycémiante. Elle a également un rôle important sur le métabolisme des protéines et le stockage des lipides.

L'insuline exogène agit comme un palliatif au manque d'insuline endogène survenant lors d'un DID. C'est actuellement le seul médicament efficace contre cette maladie. La modification chimique d'insulines d'origine humaine ou animale a permis de créer des formes à durée d'action "rapide", "semi-lente", ou "lente". Ainsi, l"aspart" (l'acide aminée proline est substitué par l'acide aspartique) ou la "lispro" (inversion de la position respective de la lysine et de la proline) sont des formes rapides, tandis que la "glargine" (remplacement de l'asparagine par la glycine et addition d'arginine) est un analogue à vitesse de résorption lente. L'insuline exogène est détruite lors du passage gastrique; elle ne peut donc être administrée que sous forme injectable (stylo: maniement facile et peu douloureux; pompe).

Le besoin d'insuline varie en fonction de l'activité physique et de l'état général du sujet (pathologie, fièvre, stress...). Le schéma d'administration le plus fréquent consiste à injecter chaque jour une insuline lente et une insuline rapide avant l'un des trois repas, pour un total de 2 à 4 injections.

L'effet indésirable le plus fréquent lors d'une insulinothérapie est l'apparition d'une hypoglycémie (confusion, faim importante, sueurs froides, tremblements…), lorsque la dose d'insuline injectée est supérieure aux besoins. On note parfois des érythèmes au niveau du point d'injection, des réactions allergiques, ou la survenue d'une hypokaliémie.

 

antidiabétiques oraux

Les antidiabétiques oraux ne sont utilisés qu'en cas de diabète de type II, après la mise en place de mesures favorisant une réduction pondérale, ainsi que l'élimination de tous les autres facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (cholestérol, tabac…). Leur but est d'équilibrer la glycémie et de diminuer la fréquence des complications dues au diabète. Il existe quatre classes principales de d'antidiabétiques oraux, dont l'efficacité sur le DNID a été démontrée.


Les biguanides (metformine: Glucophage®, Stagid®…) sont généralement utilisés en première intention. Ils augmentent l'utilisation périphérique du glucose par les organes cibles (foie, muscle), en améliorant leur sensibilité à l'insuline endogène et exogène (diminution de l'insulinorésistance) et réduisent, accessoirement, la production de glucose par le foie (néoglucogenèse hépatique).


Les glitazones (pioglitazone: Actos®) agissent en induisant une diminution de la résistance des tissus à l'insuline. Ce sont généralement des médicaments de troisième intention.


Les inhibiteurs des alpha-glucosidases (acarbose: Glucor®; miglitol: Diastabol®) retardent l'hydrolyse intestinale des sucres complexes (amidon, saccharose) et donc l'absorption sanguine du glucose (réduction de l'hyperglycémie postprandiale). Ils sont souvent utilisés en compléments aux autres traitements.


Les sulfamides hypoglycémiants ou sulfonamides (gilbenclamide: Daonil®; glicazide: Diamicron®; glizipide: Glibénese®; tolbutamide: Dolipol®…) entrainent une augmentation de la sécrétion d'insuline par les cellules pancréatiques de type bêta, favorisant un effet hypoglycémiant. Ils sont employés en cas d'échec d'un régime alimentaire.

 

Le traitement médicamenteux du DNID commence généralement par une monothérapie à base de metformine, puis une bi- ou trithérapie, en cas de non-normalisation du taux d'hémoglobine glyquée après 6 mois de chaque traitement. En cas d'échec des antidiabétiques oraux, une insulinothérapie peut être proposée.

 


Les conseils Granpharma

Tout type de diabète sucré

 

  • Surveiller régulièrement sa glycémie à l'aide d'un glucomètre
  • Eviter l'automédication. Outre les médicaments sucrés, certaines substances sont connues pour augmenter (béta-2-mimétiques, corticoïdes, diurétiques hormones thyroïdiennes, neuroleptiques…) ou diminuer (aspirine, antipaludéens, antidépresseurs, inhibiteurs de l'enzyme de conversion…) la glycémie
  • Réduire les aliments à indice glycémique élevé (100: glucose, maltose de la bière; > 90: pommes de terre, farine et galettes de riz; voir "index glycémique des aliments")
  • Bannir le tabac et l'alcool, qui sont autant de facteurs aggravants des complications diabétiques
  • Attention à la survenue du "pied diabétique" (voir fiche correspondante)
  • Une fois par an, penser à effectuer certains examens spécialisés (bilan cardiaque, hormonal, ophtalmique, sanguin…)

 

Diabète de type I

 

  • L'exercice physique est conseillé, à condition de bien surveiller / adapter sa glycémie avant (idéalement 1,3 et 2,5 g / litre) et après (pendant au moins 12 heures) l'effort
  • L'activité sportive est toutefois contre-indiquée en cas d'hyperglycémie importante (> 3.5 g / litre) et la présence de cétose
  • Toujours avoir une source de sucre à portée de main (bonbons, jus de fruit, éventuellement de la Coramine Glucose®)
  • Prendre ses repas à heure régulière, avec des collations éventuelles (10h, 16-17h, minuit)
  • Ne pas sauter de repas et éviter les excès alimentaires
  • Préférer l'allaitement maternel chez la femme diabétique, le lait de vache étant potentiellement déclencheur de DID
  • En cas de voyage, les insulines peuvent se conserver pendant 2 à 3 semaines à une température ne dépassant pas 25°C; penser également aux certificats de transport pour les aiguilles et seringues

 

Diabète de type II

 

  • Adopter une bonne hygiène de vie et pratiquer une activité d'endurance régulière afin d'éviter le surpoids et de limiter les risques cardio-vasculaires
  • Observer des habitudes alimentaires saines (idéalement un régime de type méditerranéen), sans sauter de repas et en évitant tout grignotage
  • Diminuer fortement la consommation de sucres raffinés (bonbons, boissons sucrées, confitures, sucre en morceau ou en poudre…) et de graisses saturées (beurre, viennoiseries…), ces dernières étant métabolisées en glucose
  • Boire au moins 1,5 litre d'eau par jour