Dos et douleurs dorsales


En bref – Chez l'homme, le dos est la partie postérieure (ou arrière) du corps située entre le cou, les épaules et le fessier. Il a principalement un rôle de soutien (tête, cage thoracique et bassin), permettant le maintien de la position debout, et une fonction protectrice vis-à-vis de la moelle épinière.          

 

D'un point de vue anatomique, on distingue un ensemble de structures d'origines diverses: 

  • une partie osseuse constituée par la colonne vertébrale (34 vertèbres et disques intervertébraux) et la portion postérieure des côtes;
  • des ligaments reliant les différents os;
  • des muscles profonds et superficiels, connectant vertèbres, côtes, ainsi que les membres supérieurs et inférieurs;
  • des tendons;
  • des vaisseaux sanguins et lymphatiques;
  • des nerfs formant la moelle épinière.

 

Le "mal de dos" est une affection très fréquente touchant une des structures précitées (atteinte ou hernie discale; lésions ligamenteuses, musculaires ou tendineuses; rhumatismes…), voire certains organes environnants (appareil digestif, génital ou urinaire). Il se caractérise généralement par une douleur localisée prenant naissance au niveau des vertèbres et irradiant dans les groupes musculaires voisins.


En fonction de la vertèbre touchée, on distingue plusieurs sortes de maux dorsaux: les cervicalgies, les dorsalgies et les lombalgies ("mal aux reins"). On inclut généralement les sciatiques, ou compression du nerf sciatique, dans cette catégorie.

 

 

Causes et symptômes

 

L'origine de ces douleurs est souvent d'ordre pathologique. Au niveau osseux et cartilagineux, certaines atteintes dégénératives comme les hernies discales (érosion du disque intervertébral et expulsion du noyau discal, pouvant entraîner une compression de moelle ou du nerf sciatique) ou l'arthrose (usure du cartilage articulaire) sont responsables d'un grand nombre de douleurs dorsales. C'est le cas également de différentes déformations de la colonne vertébrale (scoliose, cyphose ou lordose), d'origine héréditaire ou non, ou de certaines déchirures musculaires ou ligamenteuses (lumbagos, torticolis…).

 

Le plus souvent, l'origine précise d'un mal de dos demeure imprécise. Outre les états pathologiques mentionnés (arthrose, déformations discales et/ou vertébrales, ostéoporose…) ou hormonaux (grossesse…), les causes les plus fréquentes de douleurs lombaires incluent le manque ou la pratique inadéquate d'activités physiques, une posture mal adaptée du corps lors de gestes quotidiens (sommeil, travail, voiture…), ou une mauvaise hygiène de vie (stress, surpoids, tabagisme…).

 

Les symptômes sont très variables et incluent, selon les pathologies sous-jacentes, des contractions musculaires brutales et douloureuses, localisées ou diffuses, irradiant parfois le long des membres, et pouvant s'atténuer lors de certains mouvements ou étirements spécifiques ou s'exacerber avec l'effort, l'éternuement ou la toux.

 

Si la grande majorité des douleurs dorsales disparaît assez rapidement avec un traitement symptomatique, des complications plus ou moins graves peuvent survenir en cas de négligence, incluant la lombalgie chronique (par compensation ou réduction de certains mouvements douloureux), la déformation de la colonne vertébrale (ostéoporose…), ou certaines paralysies (hernies discales…).


Le traitement des douleurs dorsales peut être médicamenteux (général ou local) ou non, symptomatique ou préventif.

 

 

Traitement médicamenteux

 

Le traitement médicamenteux est généralement symptomatique et fait appel à des antalgiques, des myorelaxants, ainsi que certaines substances associées (co-antalgiques de type antidépresseur ou antiépileptique) dans les cas chroniques.

 

Antalgiques

 

Les substances antalgiques sont généralement prescrites sur une courte durée. Pour plus d'informations, merci de consulter la fiche conseil "Douleur". 

Lors de sciatique ou névralgie crurale ("sciatique du devant") avec poussées, des infiltrations de corticoïdes par voie péridurale peuvent être réalisées. 

Les gels ou sprays à effet de froid (Biofreeze®, Phytalgic Cryo®…) provoquent une vasoconstriction locale et un ralentissement de la vitesse de conduction nerveuse de l'information douloureuse. 

Les gels chauffants, contenant des substances thermogènes, irritantes ou révulsives, comme la capsaïcine du piment, les huiles essentielles de camphre ou de girofle ou les graines de moutarde (Baume Aroma®, Baume Saint-Bernard®, Lumbalgine®...), augmentent localement le flux sanguin (et donc la production de chaleur) au niveau musculaire et facilitent les processus d'élimination métaboliques (détoxication) ainsi que l'absorption des substances antalgiques.

  

Myorelaxants

 

On emploie le plus souvent des molécules de type benzodiazépine (tétrazépam: Myolastan®), qui permettent de décontracter les muscles intervertébraux et peuvent agir sur la composante anxieuse d'une pathologie douloureuse. De par leurs effets secondaires fréquents (risque de dépendance, somnolence…), ces médicaments sont à prendre le soir et sur une courte durée.

 

Anti-inflammatoires

 

Le diclofénac et l'ibuprofène (VoltarenActigo®, AdvilMed Gel®, Nurofen gel®...) sont le plus souvent employés localement, par massage prolongé de la zone douloureuse. Leur effet antalgique demeure néanmoins fugace. L'idrocilamide (Srilane®) est également myorelaxante et peut être administrée dans le traitement d'appoint des douleurs dorsales aigues.

  

Antidépresseurs

 

Les antidépresseurs tricycliques sont parfois administrés conjointement aux antalgiques en cas de douleurs chroniques avec syndrome dépressif associé.

 

 

Traitement non médicamenteux

  

Attelles

 

Les attelles les plus utilisées contre le mal de dos sont les ceintures de soutien lombaire. Ces dernières agissent de façon mécanique sur la colonne vertébrale en (1) corrigeant sa courbure et (2) en permettant une meilleure répartition de la pression sur les disques intervertébraux. Elles procurent également une sensation de chaleur qui décontracte les muscles et apaise la douleur. 

De par leur capacité de mobilisation et de soutien, les attelles peuvent être utilisées soit dans le traitement des douleurs aigües (lombalgies de type lumbago ou sciatique), par un port continu, mais de courte période, soit en cas de lombalgies chroniques, en prévention d'activités à risques. 

Pour plus d'informations, voir la rubrique: Dos - Attelles

  

Rééducation musculaire

 

Contrairement à certaines idées reçues, le repos prolongé et l'inactivité physique peuvent entraîner une évolution défavorable des pathologies dorsales (phénomène de "déconditionnement", caractérisé par une diminution des performances physiques et une baisse de l'estime de soi). En effet, la sous-utilisation de certains muscles (ischio-jambiers, fessiers…) et la compensation par d'autres groupes musculaires (abdominaux), peut engendrer une fatigabilité des extenseurs et des anomalies de fonctionnement ou de posture (auto entretien des contractures). La pratique de massages et/ou de certains exercices sélectionnés par un professionnel est donc nécessaire à la bonne évolution et à la guérison des douleurs dorsales.

 

Thermothérapie

 

Cette technique permet un réchauffement local, par afflux sanguin, de la partie enflammée et une détoxification des groupes musculaires. Elle se réalise généralement par le port local de ceintures ou dispositifs chauffants (Cervico® Coussin noyaux de cerise…) ou la mise en place de compresses ou patch imprégnés de substances révulsives ou thermogènes (patchs chauffants: Actipoche®, Nexcare®, Syntholkiné®, Urgo®, VoltaCare®; Emplâtres: Antacalm®, Saint Bernard©, VoltarenPlast®...).



Compléments alimentaires

  

En cas de douleurs dorsales d'origine musculaire (inflammation…) ou osseuse (arthrite, arthrose…), un certain nombre de substances végétales (aromathérapie, phytothérapie…) ou minérales (oligoélément…) peuvent compléter les traitements classiques (médicamenteux ou non).

  

La phytothérapie orale


Elle a pour but (1) de diminuer les douleurs musculaires, (2) de reminéraliser les parties osseuses touchées et (3) de détoxifier l'organisme afin de prévenir l'expansion du processus inflammatoire. [A]

  

1. La phytothérapie anti-inflammatoire utilise souvent les plantes suivantes (par ordre alphabétique): cassis, harpagophytum, reine des prés, saule ou scrofulaire…

 

*Les feuilles de cassis (Ribes nigrum L – Grossulariaceae), riches en flavonoïdes et en vitamines (C et "P"), combinent une action diurétique, avec élimination de certains déchets et toxines organiques (acide lactique, acide urique...) et un effet anti-inflammatoire comparable à celui de l'acide niflumique ou de l'indométacine. Elles sont utilisées en infusion (50 g / litre; Cassis feuilles Marque Verte®, Tisane provençale® Articulations…) ou en dilution pour les suspensions intégrales de plantes fraiches (2 bouchons dans un verre d'eau; Cassis SIPF Synergia®…).

 

*La racine d'harpagophytum ou "griffe du diable" (Harpagophytum procumbens DC. – Pedaliaceae), plante d'origine sud-africaine, est riche en iridoïdes (harpagoside, procumboside, harpagide…), substances fortement anti-inflammatoires et analgésiques. Les principales formes galéniques telles que les décoctions-macérations, teintures mères, extraits secs ou poudres micronisées (Arkofluides® Harpagophytum, Harpadol® Arkogélules, Kinésafort® Articulations, Marque Verte® Racine d'harpagophytum…) sont utilisées contre les douleurs rhumatismales de type arthrose, arthrite et diverses lombalgies.

 

*Les sommités fleuries de la reine des prés ou spirée ulmaire (Filipendula ulmaria (L.) Maxim. - Rosaceae) sont traditionnellement utilisées, sous forme d'infusions à 50 g / litre (Dayang® Infusion Bio Articulation, Tisane Provençale® Articulation), contre les troubles rhumatismaux. Les principaux composés actifs incluent des hétérosides phénoliques simples tels que le monotropitoside et la spiraéine, dérivés salicylés proches de l'aspirine.

 

*L'écorce du saule blanc ou du saule pourpre (Salix alba L.; Salix purpurea L. – Salicaceae) contient des dérivés salicyliques (salicosides ou salicine, saligénine, acide salicylique…) qui confèrent à la drogue des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques. Les saules sont surtout utilisés, sous forme de décoctions (Arthritisane®, Arthroflorine®…) ou de gélules (Arkogélules® Saule, Elusanes® Saule…), contre les rhumatismes et douleurs articulaires, le mal de dos, les refroidissements avec fièvres légères, etc.

 

*La scrofulaire noueuse (Scrophularia nodosa L. – Scrophulariaceae), utilisée dans son intégralité ou en partie (rhizome, sommités fleuries…), contient des principes actifs proches de ceux de l'harpagophytum (iridoïdes de type harpagoside, harpagide, ou procumboside…). La drogue est employée, sous forme de décoction ou d'extraits de plante stabilisés, contre les douleurs rhumatismales de type arthrose et arthrite.

  

2. Les plantes reminéralisantes les plus utilisées en phytothérapie sont le bambou, l'ortie ou la prêle. Leur richesse en silice favoriserait le renouvellement des tissus conjonctifs ainsi que la fixation de calcium au niveau osseux.

 

*La tige de divers bambous (Bambusa bambos (L.) Voss; Phyllostachys aurea Riviere & C.Riviere – Poaceae), extrêmement riche en silice, est utilisée comme reminéralisant en cas d'arthrose vertébrale ou d'ostéoporose, afin de prévenir la dégénérescence du cartilage.

 

*Les parties aériennes d'ortie dioïque (Urtica dioïca L.), disponibles en pharmacie sous forme d'extraits secs, extraits fluides, de teintures-mères ou tisanes (Arkogélules® Ortie, Marque verte® Ortie piquante), sont particulièrement riches en éléments minéraux comme le calcium, potassium ou silicium, ainsi qu'en flavonoïdes et divers acides organiques. La plante possède à la fois des propriétés reminéralisantes, diurétiques et anti-inflammatoires

 

*Les tiges stériles de la prêle des champs (Equisetum arvense L.) sont employées, sous forme d'extraits fluides, d'extraits de plantes stabilisés, de poudres micronisées ou de teintures-mères, pour leur propriétés reminéralisantes, diurétiques et anti-inflammatoires.

 

3. Enfin, certaines plantes dépuratives peuvent être associées à un traitement phytothérapique antirhumatismal, afin de prévenir l'apparition ou l'extension des phénomènes inflammatoires.

 

*Les feuilles d'artichaut (Cynara scolymus L. – Asteraceae) sont généralement utilisées en décoction ou sous forme de gélules (Arkogélules® Artichaut, Hépanéphrol®…) pour leurs diverses actions sur le foie (cholagogue, cholérétique, régénérateur cellulaire…) et le système digestif en général (dépuratif, hypocholestérolémiant…). Les principes actifs sont constitués par divers phénols dérivés de l'acide caféique (acide chlorogénique, cynarine…), des acides alcools et des lactones.

 

*La racine du radis noir (Raphanus sativus L. var. niger (Mill.) Kerner), riche en glucosinolates ("hétérosides soufrés"), est également employée comme draineur et détoxifiant hépatique, diurétique et fluidifiant bronchique.

 

Les plantes précitées peuvent être associées en diverses préparations magistrales par votre pharmacien (ex. mélanges d'extraits fluides de cassis, harpagophytum et prêle), afin de potentialiser l'action antirhumatismale. Il existe également un grand nombre de spécialités phytothérapiques "prêtres à l'emploi" et incluant surtout du cassis, de l'harpagophytum, de l'ortie et du saule, sous forme de comprimés (Arkobio® Articulations) ou d'ampoules (Arkofluides® Articulations).

 

 Aromathérapie


L'utilisation d'huiles essentielles (aromathérapie), aux propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et myorelaxantes, peut se faire localement, par massage des zones douloureuses ou par l'intermédiaire de bains relaxants. Les plus utilisées sont, par ordre alphabétique:

  

*L'huile essentielle d'eucalyptus citronné (Corymbia citriodora (Hook.) Hill & Johnson) – C'est également un antirhumatismal puissant et sa forte odeur de citronnelle, due à une haute concentration en citronellal (70%), en fait un bon répulsif contre les moustiques. Elle est souvent employée en cas d'intolérance à l'essence de gaulthérie.

 

*L'huile essentielle de gaulthérie ou "wintergreen" (Gaultheria procumbens L.) – Elle est très riche (99%) en salicylate de méthyle, proche parent de l'aspirine. Elle possède en outre une action révulsive, donc chauffante, particulièrement appréciée en cas de douleurs musculaires du dos. Il est cependant conseillé de la diluer dans une autre huile végétale (préférer l'arnica ou l'immortelle), en raison de ses effets secondaires dermocaustiques.

 

*L'huile essentielle d'immortelle (Helichrysum italicum (Roth) G. Don) – Elle possède des propriétés anti-inflammatoires, décongestionnantes (niveau veineux) ou anti-hématome et peut être utilisée, seule ou en association, avec la précédente (potentialisation de l'effet antalgique). La présence de cétones fait qu'elle doit être utilisée en traitement local de courte durée.

  

Ces huiles essentielles peuvent également entrer dans la composition de médicaments prêts à l'emploi comme des gels ou des lotions de massages (Sileo© Friction), en association avec d'autres essences (genévrier, menthe, thym, térébenthine…) ou des extraits végétaux (cassis, harpagophytum…), ou constituer des bains relaxants.

 

 Oligo-éléments

 

En plus des compléments alimentaires d'origine végétale, certains oligo-éléments (Granions®, Oligosols®…) peuvent être utilisés pour leurs propriétés:

*Anti-inflammatoires: cuivre, or

*Anti-oxydantes: magnésium, sélénium, zinc

*Renforçatrices au niveau du cartilage: fluor, manganèse, phosphore, soufre

  

 

Les conseils Granpharma

           

  • Avoir une bonne hygiène de vie permettant d'éviter le surpoids et le stress
  • Arrêter de fumer, l'abus de tabac favorisant l'ostéoporose
  • Adopter une bonne posture lors des activités quotidiennes (loisirs, travail…) et éviter le port de talons ou de sacs à main (préférer le sac à dos)
  • Vérifier sa literie et utiliser un oreiller ergonomique à mémoire de forme (Beurer©) afin d'éviter la déformation de la colonne vertébrale lors du sommeil
  • Pratiquer une activité physique régulière et non-traumatisante (marche, musculation, natation, yoga…)
  • En cas de douleur, favoriser une courte phase de repos et reprendre une activité physique dès que possible
  • Lors d'atteinte musculaire, la mise en place de massages et d'une thermothérapie est souvent suffisante
  • En cas d'arthrite ou d'arthrose, le traitement médicamenteux spécifique peut être associé à certaines thérapies annexes ayant pour but de faciliter la vie quotidienne du sujet (chirurgie, cryothérapie, dermatologie, ergothérapie, gastro-entérologie, ophtalmologie, physiothérapie…)